Politique à gauche: La vie à gauche : James Connolly et l’Ukraine

Politique a gauche La vie a gauche James Connolly
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Bien conscient que des socialistes le critiqueraient pour avoir pris des armes à une puissance impériale, Connolly fit fabriquer cette bannière : Nous ne servons ni le roi ni le kaiser mais l’Irlande

La guerre en Ukraine a été vivement débattue en Irlande, où beaucoup comparent la résistance de l’Ukraine à l’impérialisme russe à l’opposition historique de l’Irlande à l’impérialisme britannique. Dans ce qui suit articleConor Kostick, un éminent écrivain irlandais et socialiste, explique comment le grand socialiste révolutionnaire irlandais James Connolly, exécuté par les Britanniques en 1916, aurait pu aborder la guerre en Ukraine. Et il aborde une question qui a déconcerté de nombreux membres de la gauche internationale : la dépendance de l’Ukraine aux États-Unis et à l’OTAN pour les armes nécessaires à son autodéfense. – RF

Par Conor Kostick

La guerre en Ukraine est un tremblement de terre politique. Il a divisé la gauche internationalement. Je suis de ceux qui croient que la défaite de l’impérialisme russe par le peuple ukrainien est vitale pour l’avenir de l’humanité. Soit les gouvernements d’extrême droite et autoritaires vont être renforcés, soit ils seront renversés et Poutine renversé.

Penser le conflit à travers la perspective de la politique de James Connolly aide-t-il à le comprendre ? Je le crois et, fait intéressant, ceux qui adoptent une approche très différente de la guerre en Ukraine aussi.

En Irlande, le Socialist Workers Network contrôle un parti plus large appelé People Before Profit. La position du SWN sur la guerre en Ukraine est donc celle du PBP et c’est ce que j’ai appelé évasionniste. Il condamne la Russie mais refuse de soutenir les efforts de l’Ukraine pour forcer la Russie à se retirer et se targue d’empêcher l’envoi d’armes et même d’assistance anti-mines à l’Ukraine. C’est parce que le SWN considère la guerre comme une guerre inter-impérialiste, l’Ukraine agissant comme un mandataire de l’impérialisme américain.

Kieran Allen a écrit sur l’Ukraine à travers une lentille qui prétend être inspirée par James Connolly dans un long métrage pour le Rebelle site Internet, le site du SWN. J’aimerais profiter de cette conversation pour sauver la réputation de Connolly du mal qu’Allen lui fait. Allen présente avec assez de précision la pensée de Connolly sur la Grande Guerre : elle était le résultat de la rivalité entre les grandes puissances, en particulier l’Allemagne et la Grande-Bretagne, et le déclenchement de la guerre aurait dû annoncer une rébellion ouvrière à la cause de l’internationalisme.

La violence de la politique de James Connolly se produit à cause de ce qui n’est pas dit. Allen conclut : « Le message de Connolly selon lequel la guerre est un produit du capitalisme et que le renversement de ce système est nécessaire ne pourrait pas être plus pertinent aujourd’hui. Eh bien oui, le capitalisme est mauvais et Connolly voulait le socialisme. Mais qu’en est-il des questions très spécifiques et pertinentes découlant de l’occupation de petites nations par des puissances impériales plus fortes. Spécifiquement:

1. Lorsque ces petites nations se battent pour l’indépendance, les socialistes devraient-ils les soutenir ?

2. Ce soutien cesse-t-il si la direction du mouvement d’indépendance nationale est pro-capitaliste ?

3. Ce soutien cesse-t-il si la direction du mouvement d’indépendance nationale cherche des armes auprès d’autres puissances impériales ?

James Connolly et l’Ukraine : réponses aux questions

Dès que vous posez ces questions au lieu de les éluder, il ne peut y avoir de discussion sur les réponses que James Connolly leur a données et leur a données. Un. Oui, les socialistes sont en faveur du droit des nations à l’autodétermination et à ne pas être gouvernées par des puissances impériales. Deux non, ce soutien ne cesse pas si les dirigeants du mouvement d’indépendance nationale sont pro-capitalistes. En fait, l’argument majeur de Connolly ici, puissamment exprimé dans son livre Travail dans l’histoire irlandaise c’est que parce que les élites irlandaises sont liées par mille fils d’or au capitalisme de l’empire britannique, elles trahiront le mouvement national. Non seulement les socialistes irlandais doivent se battre pour l’indépendance, mais ils doivent comprendre que la classe ouvrière est la classe la plus apte à y parvenir. Et Troisoui, vous devriez profiter des divisions entre les puissances impériales pour obtenir des armes pour le mouvement national d’une nation opprimée.

Sur ce dernier point, je veux juste souligner jusqu’où Connolly était prêt à aller pour obtenir l’aide militaire de l’Allemagne, tout en gardant son opposition à tous les empires, y compris celui de l’Allemagne. L’Allemagne a autorisé la vente de 900 fusils et 29 000 cartouches aux volontaires irlandais en 1914, amenés en Irlande sur un yacht, L’Asgard. En 1916, l’Allemagne a envoyé un navire, L’Audi, avec 20 000 fusils, 10 mitrailleuses et un million de cartouches sur la côte ouest de l’Irlande. Roger Casement, le négociateur des volontaires, a été amené dans la même zone par U-boot. Ceux-ci ont été accueillis par Connolly, qui a également transmis aux lecteurs de son République des travailleursdes lettres de chefs de la Brigade irlandaise, qui s’entraînait en Allemagne.

Bien sûr, Connolly avait des opposants politiques dont il savait qu’ils le condamneraient pour avoir traité avec l’Allemagne et approuvé l’aide allemande. Le même genre de socialistes qui disent qu’ils sont contre toutes les puissances capitalistes et que soutenir l’Ukraine, c’est soutenir l’OTAN. Il a donc fait fabriquer une immense banderole pour indiquer clairement et sans équivoque que vous pouviez profiter de la volonté allemande de promouvoir la rébellion en Irlande sans soutenir l’impérialisme allemand : Nous ne servons ni le roi ni le kaiser mais l’Irlande.

Je suis donc confiant, surtout compte tenu des nombreuses similitudes historiques dans les relations entre l’Ukraine et la Russie et l’Irlande et la Grande-Bretagne, que Connolly serait du côté des travailleurs ukrainiens dans leur résistance à l’invasion, leur volonté d’utiliser toutes les armes qu’ils peuvent obtenir et de se battre aux côtés de Zelensky, tout en affirmant que la lutte serait plus efficace sans que les politiques néolibérales ne la freinent.

Mon dernier point est un point de méthode. Connolly avait une façon simple mais puissante d’évaluer où il en était dans des situations nouvelles. Il a commencé par écouter les personnes concernées. Comme il l’a dit en 1915 après s’être engagé avec le mouvement des femmes naissant en Irlande, Personne n’est aussi apte à briser les chaînes que ceux qui les portent, aucun n’est aussi bien équipé pour décider ce qui est une entrave.

Connolly a donné la parole à la classe ouvrière et aux opprimés plus généralement. L’évasion vraiment choquante est qu’en plus de 500 jours d’invasion, aucune voix d’Ukraine n’est apparue sur les sites Web de SWN ou n’a été articulée par les politiciens de PBP. Cela contraste fortement avec l’approche politique de Connolly. Même s’il n’était pas d’accord avec un adversaire, il présentait son point de vue, afin de le frapper avec délectation. C’était un maître polémiste et très drôle aussi. Je crois que Connolly se serait rangé du côté de la gauche ukrainienne et aurait aidé les réfugiés de la classe ouvrière à trouver leur place en Irlande, comme il l’a fait pour les travailleurs juifs au tournant du siècle. Mais supposons qu’il ait eu un désaccord avec eux, il est impossible de l’imaginer se livrer à la lâcheté et à la tromperie nécessaires pour prétendre que les millions de syndicalistes ukrainiens, féministes, socialistes, anarchistes, etc. ne se battent pas aussi fort qu’ils le peuvent pour faire sortir les violeurs russes de leur pays. Suggérer que Connolly aurait ignoré la gauche ukrainienne au nom d’une vague opposition au capitalisme est là où se produit la véritable violence à son héritage.

20/07/2023

Le texte de Conor Kostick est basé sur une conférence qu’il a donnée à la conférence Ideas for Freedom de Workers Liberty le 15 juillet 2023.

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